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Полине Виардо - Письма (1855--1858) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич



29 мая (10 июня) 1857. Лондон

No 5

Londres,

ce 10 juin 1857.

Mercredi.

Theuerste Freundinn, pourquoi ne m'ecrivez-vous pas? Voici bientot 3 semaines que j'ai quitte Paris et rien qu'une seule lettre1. Allonst avouez que cela n'est pas gentil de votre part et moi qui suis au nR 52. Pourvu que votre sante soit bonne - je ne veux pas en douter et poursuis my diary.

Samedi 6 juin. Parti a 3 heures, j'arrive a 6 a Embley-Park3, residence de la famille Nightingale. Le parc est magnifique, des arbres prodigieux, etc. Je trouve une grande societe reunie au chateau (a l'exception de Miss Florence Nightingale)4, qui est a Londres). Un diner ennuyeux, puis vers le soir on s'anime. Une dame chante d'une fort vilaine petite voix des vilaines machines anglaises; les messieurs repetent le refrain avec des voix de perroquet. Du reste, tous sont tres aimables, en verite, on me prodigue les invitations, et je remercie tout le monde du mieux que je puis, en faisant des fautes de grammaire a chaque pas. Mr Nightingale est un country gentleman dans toute la force du terme. Sa femme - une bonne petite Vieille; Miss Nightingale, l'ainee (40 ans passes) a l'air intelligent, bon, actif et nerveux. Les visiteurs sont: 1) Sir Charles Trevilyan, haut employe au Treasury, agreable, instruit, un peu lourd, mais en somme fort sympathique; il a conserve quelque chose de naif; 2) sa femmet s?ur du celebre Macaulay, a witty woman, rieuse et bavarde; 3) sa fille - insignifiante; 4) Mr Denman, capitaine du yacht de la Reinet figure fiere et courageuse, peut-etre un peu impertinent; 5) sa femmet la chanteuse en question, traits reguliers, figure bleme et bouffie; 6) le colonel Cure, le Rawdon Crawley de "Vanity Fair"6; 7) Mrs Shaw-Lefevre, Lushington, jeunes gens de "bonne" famille - le premier parait etre un fort bon gareon. Plusieurs autres personnages peu interessants. Je dors fort bien dans un lit immense.

Dimanche 7. Nous faisons une excursion a Salisbury. Cathedrale admirable, une des plus belles que j'ai vues - une purete de lignes admirable. Long service. Sermon encore plus long, prononce in a whining tone par un clergyman a cheveux plats. Diner; conversation - on ne chante pas. C'est dimanche. Le soir, a 10 heures, family prayers dans le salon, a la lueur d'une bougie; reunion generale; les domestiques y assistent. Je m'agenouille avec les autres en tournant le visage au mur pendant que la maitresse de la maison prononce avec ferveur une priere; sa voix d'honnete vieille femme penetree d'onction me cause de l'emotion; je ne partage pas le sentiment religieux des Anglais,; mais il est impossible de ne pas en etre frappe - il y entre pour beaucoup du sentiment des convenances, de la respectability - c'est possible, mais cela n'en est pas moins puissant. On croit generalement avoir tout dit en disant: c'est ridicule! Eh bien? parce qu'une chose est ridicule, ce n'est pas une preuve qu'elle ne soit ni utile, ni meme grande6.

Lundi 8. Retour a Londres. J'assiste a une seance de la Chambre des Communes. L'absence complete de tout effet theatral, de toute mise en scene me frappe; le Speaker, a demi assoupi dans sa perruque, Lord Palmerston, le chapeau enfonce jusqu'au nez et ne se reveillant que pour repondre a quelques mots qu'on n'entend pas, ces paletots, ce sans-gene... l'impression est pourtant grande; on sent que c'est la le c?ur d'un grand empire et que c'est durable. La discussion n'a pas ete interessante ce jour-la, mais j'ai vu a peu pres tous les lions.

Mardi 9. J'avais l'intention d'aller a Manchester, mais j'ai remis mon excursion a vendredi. J'ai dejeune chez Mr Milnes ou j'ai eu une longue conversation (et toujours en anglais!) avec L. Ashburton, chef de la maison des Baring; puis je suis alle a la Chambre des Lords. Mr Shaw-Lefevre, qui est le neveu du celebre Speaker des Communes, m'y a introduit et j'ai assiste a la seance, assis sur les marches du trone - c'est-a-dire a peu pres par terre. Disraeli est venu pour un moment; il a l'air bien spirituel et bien vain; des manieres de premier tenor ou d'auteur a la mode. J'ai dine avec la famille Shaw-Lefevre; une vieille dame et six jeunes filles, assez jolies et tres naturelles. J'avoue que les Anglais me plaisent generalement; je ne m'y attendais pas. On m'a inscrit au premier club d'ici, l'Athenaeum7; je ne sais qui m'a procure une invitation a la societe geographique ce soir. Je dine et je passe la soiree de demain en ville; je vous raconterai tout cela. Mais ecrivez-moi donc, je vous supplie! C'est bien mechant de se taire ainsi. Adieu; j'embrasse tout le monde et baise vos cheres et paresseuses mains.

Votre J. T,

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