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Полине Виардо - Письма (Апрель 1864-декабрь 1865) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич



2 (14) апреля 1864. Париж

No 13

Paris.

rue de Rivoli, 210.

Jeudi, 14 avril 1864.

Chère et bonne Madame Viardot, je viens de recevoir votre petit billet1 - et je dois dire que je suis content que vous alliez à Carlsruhe; il me semble qu'un changement quelconque brisera cette torpeur, cette horrible immobilité de la situation2. Dans tous les cas, le bon d-r Frisson est là et Carlsruhe est à deux pas de Bade. Je ne puis me rendre compte du pourquoi - mais depuis hier j'ai des pressentiments meilleurs. Je pense tant à tout cela, que de pareils va-et-vient sont inévitables. Mais enfin j'ai bon espoir.

Je quitte Paris mercredi ou jeudi de la semaine prochaine au plus tard: c'est-à-dire dans une semaine3. Ces dames4 s'installeront sans moi: je leur laisserai toutes les instructions, et surtout l'argent, nécessaires. A propos d'argent, j'adresse la prière suivante à Viardot. Mon ami Annenkoff, que j'ai chargé de vendre (pour 20 000 francs) les bons du gouvernement provenant du rachat de mes terres, m'écrit qu'il ne pourra me les envoyer que vers le milieu du mois de mai; qu'il pourrait bien les vendre immédiatement, mais à 84 1/2 au lieu de 90, ce qui serait une perte assez considérable5. Viardot ne serait-il pas assez bon de me prêter deux mille deux et quelques francs qui, avec les sept cents et quelques que je lui dois, feraient trois mille6? Pomey m'a dit avant-hier qu'il devait toucher le montant de la location de la maison de la rue de Douai7 pour 3 mois. Viardot n'aurait qu'à lui écrire un mot ou bien à son banquier. Il me tirerait d'embarras, je lui serais très reconnaissant et je le rembourserai dès le 15 mai. Dans le cas où il croirait pouvoir le faire, priez-le d'écrire immédiatement.

Je vous adresse la même prière pour les commissions: je ne voudrais pas être retenu un jour de plus à Paris. Depuis deux jours il fait très beau - et je ne veux pas regarder les feuilles vertes qui poussent: je me réserve pour Bade.

Je suis allé hier soir chez Lamartine. Il n'a pas manqué de m adresser des compliments terribles en ce sens qu'on ne sait que répondre. Il a insisté sur l'admiration (!) qu'il a pour moi. Je ne sais pas si je vous ai dit qu'il va publier un entretien entier sur moi8... A ce propos, je lui ai dit que j'étais la mouche et lui l'ambre et que je resterai ainsi conservé dans sa gloire, etc. Comme j'avais préparé cette phrase, je ne crois pas l'avoir dite avec toute la naïveté désirable; je crains même d'avoir pataugé. Enfin, c'est toujours très aimable à lui. Il fait plus que jamais l'effet d'un pauvre vieux roi détrôné, je dirais plus: d'un roi de légende: Chilpéric ou Dagobert9. J'y ai rencontré Rey10, plus onctueux et plus insinuant que jamais, parlant des épreuves terribles par lesquelles il a passé - et engraissé; vêtu de noir pourtant et portant des gants noirs.

Je viens de relire ma dernière petite plaisanterie chez un pauvre compatriote11, je dis pauvre, car il se meurt d'un affreux ulcère sur le côté (il y a carie des os, etc., etc.). Cela a plu et fait rire; je crois que ce n'est décidément pas mauvais. Nous le lirons, n'est-ce pas?

P. S. Mille bonnes amitiés à tout le monde; je vous écrirai demain à Carlsruhe à l'Erbprinz. Je vous serre bien cordialement les mains.

Der Ihrige J. T.

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