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Полине Виардо - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич



14, 15(26, 27) февраля 1867. Баден-Баден

No 9

Bade.

Schillerstrasse, 277.

Mardi soir, le 26 fév 67.

Chère et bonne Madame Viardot, Je viens de recevoir votre lettre datée du 20 février, mais qui n'a été expédiée - d'après le timbre - que le 24 au soir de Berlin. Votre lettre précédente était du 211. Il y a eu quelque retard. Merci pour la lettre de Damrosch2, qui m'a fait beaucoup de plaisir - il y a là encore le frémissement de l'impression que vous avez produite3. Ce soir, j'ai naturellement beaucoup pensé à vous - et de temps à autre j'applaudissais de mes deux mains sous la table pour m'associer aux Breslaviens4. Chère Madame V, j'ai une bonne nouvelle à vous annoncer - mon pied va décidément beaucoup, beaucoup mieux - et je suis à peu près sûr maintenant de partir vendredi ou samedi au plus tard. Je vous écrirai demain et demain je pourrai vous fixer le jour sans faute. Oh! quel bonheur! quel bonheur!

Mercredi matin.

Le mieux continue - je puis dire qu'il marche à grands pas - et je puis ajouter que j'espère pouvoir bientôt en faire de même - et je pars vendredi à midi. Samedi de très bonne heure, si Dios quiere, j'arrive à Berlin, et quelqu'un de ma connaissance reèoit un petit billet - entre 9 et 10 heures du matin. Je télégraphie dès aujourd'hui à l'hôtel de St-Pétersbourg pour que l'on m'y retienne une chambre avec un cabinet. Vous dire ce que j'éprouve est parfaitement inutile. Vous devez le savoir, vous le savez aussi bien que moi. Mais je ne le croirai qu'une heure après vous avoir vue.

Je commence à faire mes préparatifs de voyage, je viens de l'annoncer à Mme Anstett; je retiens mon appartement d'ici, qui m'est si cher - jusqu'au 1er juillet, car on ne peut pas savoir...

Vous êtes aujourd'hui à Breslau et je vous suis constamment par la pensée - je ne doute pas que vous ne fassiez là des conquêtes par centaines et je vous félicite d'avance sur le succès de vos compositions5. Du reste, j'ai là-dessus un petit projet que je vous communiquerai. Cette proposition pour Pétersbourg m'a occasionné une espèce de commotion: il m'a semblé involontairement que je continuais à habiter la Russie et que ce serait là pour moi une occasion de vous revoir... tout comme il y a vingt ans - plus de vingt ans6. Je vous assure que le sentiment que j'ai pour vous est une chose tout à fait nouvelle dans le monde, qui n'a jamais été et qui ne se répétera jamais!

On va bien à la maison. Tous les petits bobos ont disparu et Louise s'acclimate7. J'ai eu une bien drôle de conversation avec Mlle Berthe.

Assez! Je vous la raconterai.

Jemtchoujnikoff sort de chez moi - il vient de m'annoncer que sa femme a mis au monde une petite fille - très heureusement - et que tout va très bien. Il paraît que la pauvre Jeanne a eu une rechute et qu'elle est gravement malade8. Je suis inquiet pour elle et pour ce bon Pomey.

Je vous écrirai demain: ce sera la lettre définitive, mais si le diable ne s'en mêle pas. Samedi ou dimanche au plus tard nous nous reverrons.

Mille amitiés à tout le monde und tausend Küsse Ihren lieben, schönen angebeteten Händen.

Der Dirige

J. T.

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