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Полине Виардо - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич



17, 18(29, 30) марта 1867. Москва

Moscou,

au comptoir des Apanages.

Boulevard Pretchistenski.

Vendredi, 17/29 mars 67.

Chère Madame Viardot, theuerste Freundinn, ma grippe a disparu et ne m'a laissé qu'une toux "stomachique" qui cédera à son tour à l'influence du printemps, quand il viendra, ou plutôt à celle de l'air de Bade, que je compte bien respirer avant vingt jours1. L'impression a commencé avec vigueur,-- et je passe ma journée à relire des épreuves2. C'est peu agréable d'avoir ainsi son nez constamment enfoui dans sa propre odeur,-- mais c'est indispensable. Si cela continue comme cela a commencé - dans une semaine je pourrai quitter Moscou. Si je n'avais pas ce boulet de voyage à Spasskoïé accroché à mon pied, quelle bonne fugue je pourrai faire immédiatement! Mais ce voyage est inévitable - et par quels chemins, par quel temps, eterni Dei3! Dans ce moment-même, nous avons un ouragan de neige fondue qui fait mal au cœur à voir, ïl n'y a de vert ici devant les fenêtres que les toits des maisons.

Je ne crois pas qu'Ernest4 soit arrivé par le bateau de ce mois-ci; il me semble que vous me l'auriez fait savoir. Vous aurez donc encore un peu de répit jusqu'à la fin du mois d'avril - et si rien ne m'arrive, je serai là à cette ероциз pour vous aider, ainsi qu'à Viardot à supporter le choc5.

On parle beaucoup ici de ce qui se passe en France, des derniers débats à la Chambre; on croit généralement que c'est le commencement de la fin,-- et l'on est persuadé en même temps que dès que l'Exposition sera à peu près finie6, votre maître essaiera de sortir de sa cruelle position par un coup de tête désespéré - où la question d'Orient (et nous par conséquent) jouera un grand rôle7. En attendant - nous sommes ici en pleine fièvre de chemin de fer. Les concessions pleuvent de tous côtés, des compagnies surgissent partout. On pourra aller de Moscou à Mtsensk dès le mois de septembre (pas maintenant, hélas!), et dans trois ans je pourrai faire le voyage de chez moi sans même toucher Moscou, directement par Vilna, Vitebsk et Orel8... Tout ceci est parfait - mais pour le moment, les "oukhabi" m'attendent gueule béante. Si ces affreuses précipices étaient tout droit encore! Mais ils ont des faux mouvements dans leur fond, qui vous font éprouver, à s'y méprendre l'effet du roulis d'un vaisseau, plus les tapes qu'on reèoit sur le sommet de la tête et sur les flancs, les reins, etc., etc. Je n'oubliera pas de sitôt les charmantes quatre verstes qui séparent Serpoukhoff de la gare du chemin de fer! Elles m'attendent encore de pied ferme, ces scélérates de verstes! Enfin - enfin! patience!!

Samedi, 18/30 mars.

Guten Morgen, theuerste Freundinn - und vieîen, vielen Dank fur den lieben Brief, den Ich eben erhalten habe. C'est si bon et si doux de recevoir des nouvelles de là-bas. Ce que vous me dites de la lettre qui m'attend à Spasskoïé - me donne de furieuses envies de me mettre en route... enfin j'aurai au moins une bonne impression en arrivant. 3e vais décidément mieux - à peu près bien - j'ai pu sortir hier en voiture - et je dîne dehors bien modestement, comme il convient à un convalescent et à un goutteux - aujourd'hui. Portez-vous bien, je vous en conjure, vous tous à Bade. Ne faites pas d'imprudence! - Je ré-ponderai à Viardot; dites-lui que je le remercie de sa bonne lettre9. J'espère qu'il est enfin parvenu à abattre des bécasses. Le temps continue ici à être à la diable; les épreuves vont ferme10.

Mille millions de bonnes choses à tout le monde: j'embrasse avec la plus grande tendresse vos chères mains.

Der Ihrige

J. T.

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