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Полине Виардо - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич



26, 27 января (7, 8 февраля) 1867. Баден-Баден

Bade.

Schillerstrasse n° 277.

Jeudi soir, 7 février 67.

Chère Madame Viardot, theuerste, beste Freundinn, comment allez-vous? Vous êtes au théâtre peut-être en ce moment... tous les amis vous ont déjà reèue avec transportl. J'ai beaucoup de plaisir à penser qu'on vous aime à Berlin - que votre présence y est une fête pour beaucoup de monde. Cette idée me rend la séparation plus supportable - je voudrais vous savoir toujours comme dans du coton. Soyez mille fois bénie et heureuse et contente et bien portante!

J'ai travaillé toute la matinée comme un nègre à ce petit récit2 dont je vous ai parlé; si cela continue ainsi, je l'aurai achevé pour le jour de mon départ - et je pourrai vous le lire à Berlin. Pourvu que mon misérable pied ne rende pas ce voyage impossible ou ne le retarde pas3!

Vendredi matin. 10 heures.

Mon pied va un peu plus mal aujourd'hui, je ne puis presque plus endurer de chaussure. Le pauvre Dr Heiligen-thal est tout dépaysé - et ne parle plus de mon voyage que d'un ton dubitatif. Voilà bientôt un mois que cela dure - et je suis Gros-Jean comme devant. C'est venu bien mal à propos - et j'avoue que je commence à perdre un peu la patience nécessaire! Enfin - il faudra bien.

J'ai passé la soirée d'hier à la maison. Louise a joué à quatre mains avec Marianne une suite de Lachner. Marianne fait vraiment des progrès étonnants. Louise est plus indifférente que jamais envers son enfant4 - elle le secoue et le rudoie d'une faèon presque brutale - et il va maintenant bien plus volontiers avec Mlle Arnholt. Quel caractère que cette Louise et comment est-il possible qu'elle soit votre fille! Puis on a fait un whist: Viardot s'est naturellement plaint tout le temps et il a tout gagné. Il a fait tout le jour un temps abominable.

3 heures.

Mon pied va mieux. Je vous demande bien pardon de vous entretenir ainsi de mes extrémités - mais c'est que pour moi cela représente le voyage à Pétersbourg - à Berlin - et que Berlin me représente ... une foule de,choses douces et charmantes, dont je ne jouirai que trop peu de temps5.

A ce propos, je crois que je ferai bien de retenir d'avance une chambre à 1 hôtel, vu l'immense quantité de monde qui doit se trouver à Berlin dans ce moment6.

J'ai travaillé encore ce matin, mais moins bien. Je suis un peu comme vous maintenant: les sujets se pressent dans ma tête et empêchent l'un l'autre de sortir7. Mais je tiendrai bon et ne toucherai à rien que le premier ne soit achevé8. Je vous en raconterai pourtant deux ou trois à Berlin - pour l'avenir, il faut que vous donniez votre approbation en personne - une fois la chose admise, elle se fera tôt ou tard - et toujours s. i. P.9 - ces trois lettres qui intriguent si fort Mme Anstett.

J'attends avec impatience l'heure d'aller chez Viardot - il y aura une lettre de vous. Celle que j'espère - ne sera dans mes mains que ce soir, au moment de la rentrée.-- Ah, chère petite lettre, vous serez la bienvenue10!

Mille choses à tout le monde; je vous écrirai après-demain. J'embrasse Didie sur les deux joues et vous baise les deux mains avec la plus grande tendresse. Soyez heureuse et bénie!

Der Ihrige

J. T.

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