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Полине Виардо - Письма (Июнь 1867 - июнь 1868) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич



16 (28) марта 1868. Ружмон

No 6

Rougemont.

Samedi, 28 mars 1868.

10 heures du soir.

Theuerste Freundinn, je suis arrivé ici à 4 1/2 h.-- et j'ai quitté Paris sans avoir reèu une lettre de vous; peut-être est-elle arrivée un quart d'heure après mon départ. Je ne puis pas dire que j'ai voyagé sans encombre, car dès la première station j'ai été pris de violentes coliques - et j'ai subi toutes les misères d'un voyageur qui a à lutter contre des impossibilités. J'ai risqué une ou deux fois de rester en chemin... j'ai fait des bonds prodigieux et désespérés. Enfin je suis arrivé.-- Pauline est grasse et fraîche - elle est pourtant dans son 6-ème mois1. Son mari va très bien; la maman Bruère, qui est aussi ici - se tortille comme par le passé - peut-être un peu moins,-- Je n'ai pu absolument rien manger - j'ai remplacé mon dîner par une conversation vive et amimée: j'ai déterré de vieilles anecdotes moisies, qui ont pourtant fait leur effet.-- La campagne qui est ici aussi laide qu'en Brie, me paraît moins avancée que chez nous à Bade. Peu ou point de feuilles aux arbres.

Imaginez-vous ce qui m'arrive (ceci est pour le 1-er avril - aussi je vous avertis d'avance... lisez cela aux petites en omettant la parenthèse) - c'est inouï, c'est incroyable et certainement Claudie et Marianne vont s'écrier: "Ah! il ne nous trompera pas! Ah! c'est un poisson d'avril!" Mais cela ne peut pas en être un, puisque je le déclare d'avance: j'ai fait hier au théâtre la connaissance d'un monsieur bien mis, pas jeune; nous causons - je lui trouve un accent allemand - il se trouve qu'il est Prussien, bon musicien d'ailleurs à en juger par ses observations - très comme il faut... Au moment de nous séparer au Café de l'Univers - nous échangeons nos cartes... Et je manque tomber à la renverse de surprise... Le nom de ce monsieur se trouve être... Massenbach! - Théodor v. Massenbach2 - (je vous envoie cette carte). Il remarque mon étonnement - me questionne... Ma foi! Je lui raconte tout.-- Il s'étonne de son côté, rit beaucoup, me questionne sur vous, sur votre famille... il professe pour vous la plus vive admiration - et finalement me déclare qu'il serait bien étonnant et bien drôle, s'il venait lui-même à Bade le 1-er avril - d'autant plus qu'il doit retourner en Allemagne dans deux ou trois jours pour aller à Augsbourg qu'il habite; qu'il n'avait aucune idée d'aller à Bade - mais que la plaisanterie serait trop bonne pour y résister.-- Je lui assure que les petites ne croiront pas un seul instant à son existence, qu'elles le prendront pour un poisson; il affirme qu'elles seront forcées de se rendre à l'évidence - qu'elles verront bien qu'on ne peut pas les tromper de la sorte: je lui offre un pari - il l'accepte - et voilà que très probablement vous aurez chez vous à Bade un Massenbach au 1-er avril! Dites que cela n'est pas surprenant! - J'ai dû lui promettre que je le présenterai à Viardot et à vous et j'espère que vous ne me ferez pas mentir à ma promesse, d'autant plus que c'est un homme très distingué.-- Mais n'est-ce pas que c'est extraordinaire?

Je pars d'ici après-demain dans la matinée - mais je vous écrirai encore demain soir - et, si Dios quiere, mercredi je suis à Bade. En attendant, je vous embrasse tous - à commencer par papa Viardot - und ich küsse lhre lieben Hände.

Der fhrige

J. T.

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