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Полине Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич12, 13 (24, 25) мая 1853. Спасское Spasskoie, le 12/24 mai 1853. Voici donc que je vous ecris de nouveau a Paris, a Londres1, a quinze jours de distance d'ici, chere et bonne Madame Viardot, a un mois d'aller et de revenir pour une lettre! II etait cruel de vous savoir a Petorsbourg et do ne pas vous voir, mais il etait doux de recevoir une reponse dans dix jours. Enfin! comme dit votre mari, il faut s'y resigner. J'ai recu votre lettre de Moscou2. J'ai ete bien etonne d'apprendre que vous n'aviez pas recu de mes nouvelles. Je vous avais cependant ecrit tous les dix jours. Je vais decidement mieux depuis quelque temps; j'ai morne ete en etat de faire une excursion de chasse a 150 versles d'ici, et j'ai tue pas mal de doubles. Comment allez-vous apres toutes ces courses par chemin de fer? J'attends avec anxiete la lettre que vous m'avez probablement ecrite avant de partir pour Varsovie. Je l'aurai probablement demain. Dieu veuille que cette affaire de theatre a Londres, dans laquelle vous vous embarquez, vous mene a bon port! Il est probable que vous n'aurez que des cani autour de vous et que tout le poids de la lutte pesera sur vos seules epaules. Enfin nous saurons tout cela bientot, j'espere. Vous continuez a garder le silence sur votre reengagement a Petorsbourg. Je viens de lire dans les journaux que Mlle de la Grange y va. Decidement vous ne revenez plus. Cela m'attristerait beaucoup si je pouvais encore garder quelque illusion sur la probabilite de mon retour a Petersbourg pour l'hiver; mais je ne suis que trop sur de rester ici. N'abandonnez pas votre projet de venir donner des concerts en Russie l'annee prochaine. Votre dernier triomphe, surtout a Moscou, doit vous y encourager. Si vous venez avec V<iardot> a Moscou, j'espere bien que vous ferez une pointe jusque chez moi. Mon jardin est splendide a l'heure qu'il est, la verdure y est eclatante, c'est une jeunesse, une fraicheur, une vigueur dont on ne saurait se faire une idee; j'ai une allee de grands bouleaux devant mes fenetres, leurs feuilles sont encore legerement plissees; elles gardent encore l'empreinte de l'etui, du bourgeon qui les renfermait il y a quelques jours; cela leur donne l'air de fete d'une robe toute neuve, ou les plis de l'etoffe se voient. Tout mon jardin est plein de rossignols, de loriots, de coucous, de grives, c'est une benediction! Si je pouvais m'imaginer que vous vous y promenerez un jour! Ce n'est pas impossible... mais ce n'est guere probable3. Vous recevrez ma lettre a Londres. N'oubliez pas de demander a Chorley s'il en a recu une de moi en fevrier, ou je lui demande des explications definitives sur un certain auteur du nom de Chenston (il sait de quoi il s'agit). Pourquoi ne me dit-il pas son opinion sur Gogol4, et comment va sa sante? Le 13. Je vous avais designe ce jour comme etant celui de la naissance de <la> petite Pauline; d'apres un document que j'ai recu dernierement, elle est nee le 26 avril (8 mai) 1842. Elle a quinze jours de plus que je ne le croyais. Je ne crois pas du reste qu'il soit necessaire de changer la date. Donnez-moi de ses nouvelles. Dans quatre a cinq jours, j'ecrirai une longue lettre a maman Garcia. Je vous prie de lui embrasser les mains de ma part. Les yeux de Mme Tutcheff vont mieux depuis quelque temps, et nous faisons beaucoup de musique. Elle dechiffre tres bien, et a un sentiment tres juste de ce qui est beau et vrai. Sa soeur, au contraire, a une tendance naturelle vers ce qui est doucereux et commun, et les larmes lui viennent avec une facilite desesperante... Heureusement qu'elle joue la seconde partie, la basse. Elle a des doigts de coton, et quand elle s'embrouille, elle tache encore de donnera une note quelconque une expression suave. C'est affreux! Le jeu de Mme T<utcheff> a beaucoup de fermete et de rythme. A force de faire repeter Mademoiselle, certaines pieces vont tres bien. Nous sommes plonges maintenant dans Mozart jusqu'au cou. Je dis nous, car je nie tiens derriere les chaises de ces dames, je tourne les feuillets, et je fais le maitre de chapelle. Dans les moments d'enthousiasme, je ne puis m'empecher d'emettre des especes de sons horriblement faux, sous pretexte de chant, ce qui cause des crispations nerveuses a tous les assistants. Je me suis remis a mon roman5. J'ai six semaines devant moi jusqu'a l'ouverture definitive de la chasse. Adieu, theuerste Freundinn. Soyez heureuse. Mille amities a V<iardot>. J'embrasse tendrement vos cheres mains et suis a jamais votre J. Tourgueneff. P. S.-- Avez-vous remis les 2 exemplaires de mon livre6? |
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