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Полине Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич21, 24 октября (2, 5 ноября) 1850. Петербург St. Petersbourg. Samedi, 21 octobre/2 novembre 1850. Je suis tellement occupe depuis quelques jours, chere et bonne Madame Viardot, que j'ai a peine quelques instants a moi; j'ai promis aux redacteurs du "Contemporain" de leur livrer un travail que j'ai en train - et il faut que je tienne ma promesse1.-- Je veux cependant vous serrer la main aujourd'hui et vous dire qu'aujourd'hui comme toujours toute ma vie vous appartient.-- Vous vous portez bien - n'est-ce pas? Vous etes heureuse, gaie et contente - que le ciel vous benisse mille fois! La petite part apres-demain2.-- Tout est en regle - et Mme Robert est deja payee d'avance. J'ai ete mardi chez le comte Michel Wielhorsky.-- J'y ai vu le comte Matthieu, qui a daigne a peine me donner le bout de ses doigts - et s'est a peine informe de vous.-- Il parait qu'il en a deja assez.-- Le comte Michel est charmant.-- J'y ai aussi rencontre Etienne Guedeonoff, qui n'est pas change le moins du monde.-- Notre conversation n'a dure qu'un moment.-- Decidement - il n'y a pas grande sympathie entre nous.-- Le comte Michel est - a tout prendre - une belle et riche nature - qui aurait pu devenir autre chose que ce qu'elle est devenue.-- Il est tres savant sans avoir l'air d'y songer.-- Voici un de ses mots: on parlait mardi devant lui de la grande quantite de Russes remarquables par leurs talents, morts d'ivresse - on deplorait une pareille fatalite - le comte Michel se leve et d'un ton convaincu s'ecrie: "Eh bien! messieurs, "c'est une belle mort!" - N'est-ce pas que cela lui ressemble? Mardi. J'ai le dos qui me fait horriblement mal et les yeux abimes pour avoir trop ecrit tous ces jours-ci - ma chere et bonne amie - c'est a peine si je puis vous dire deux mots - mais Dieu merci - mon travail est fini - et livre.-- Cette lettre n'en est pas une - ce n'est qu'un billet que je vous trace a la hate pour vous dire que la petite Pauline est partie hier a 6 h. du soir avec Mme Robert et sa fille.-- Je l'ai reconduite.-- Elle a beaucoup pleure au moment de la separation.-- J'ai remis a Mme Robert une lettre pour vous 3, dans laquelle je vous prie do lui remettre 50 fr. de gratification. Je crois que c'est assez, vu que je lui ai donne 400 francs pour le voyage - et qu'elle n'en depensera pas les deux fiers.-- La petite n'a presque pas de garde-robe; cependant, elle est tres chaudement vetue grace aux soins de la bonne Mme Tut-chef.-- Je compte sur vous.-- Vous aurez la complaisance de m'avancer les premiers fonds necessaires - je vous enverrai 500 fr. avant le nouvel an.-- Je vous parlerai dans la lettre suivante, c'est-a-dire samedi - de son caractere, etc.-- pour le moment je n'ai pas le temps.-- La poste allant plus vite qu'un voyageur, vous aurez cette lettre deux ou trois jours avant l'arrivee de la petite a Paris. Samedi, je vous enverrai une missive de G pages.-- J'ai une foule de choses a vous dire. Maintenant, je n'ai que le temps de me mettre a vos pieds, ainsi que la petite - et de les embrasser avec ferveur et tendresse.-- Que Dieu vous benisse mille fois, chere, chere amie, vous et tous les votres.-- A samedi. Votre J. Tourgueneff. |
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