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Полине и Луи Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич8, 11 (20, 23) января 1852. Петербург St. Potersbourg, le 8/20 janvier 1852. Mardi. Mes chers et bons amis - voila bientot trois semaines que je suis tombe malade (vous avez recu ma lettre, ecrite il y a dix jours?1) et je ne sors pas encore - ou pour parler plus exactement - je suis sorti - mais trop tot - ce qui m'a attire une rechute, legere a la verite - mais assez forte cependant pour me claquemurer de nouveau.-- Je suis presque entierement gueri a l'heure qu'il est - mais jo suis bien decide cette fois a ne mettre le nez dehors que quand je me sentirai ferre a glace. Je me suis pas mal ennuye pendant tout ce temps-ci - j'ai vu peu de monde - mon medecin2 me defendait de parler - et comme mes amis ne pouvaient pas fumer chez moi, j'avais conscience de les prier de venir jouer aux cartes avec moi.-- Mais j'espere que tout va bientot reprendre son petit train-train accoutume.-- Il faut que je vous dise que j'ai recu - la veille du nouvel an - la nouvelle si longtemps attendue du partage definitif entre mon frere3 et moi.-- J'ai plus de terres que lui - mais aussi beaucoup plus de dettes - et mes biens sont tres dissemines - le lot de mon frere m'aurait convenu davantage - ses biens sont presque tout a fait libres de toute redevance et il les a tous sous la main - enfin - la chose est faite - et j'en suis enchante.-- Je compte aller voir tout cela des les derniers jours du mois d'avril et y rester jusqu'a l'hiver.-- Une terre m'est echue en partage dans la partie la plus au nord du gouv<ernemen>t de Tamboff, a 300 werstes de Moscou; il y a la - a ce qu'il parait - du gibier en masse; c'est par la que je commencerai ma tournee - j'espere y massacrer beaucoup de doubles - Viardot recevra le recit fidele de mes exploits.-- De la je compte aller a Spasskoie, ou je resterai jusqu'au 20 juillet; puis, j'irai a Nijni-Novgorod pour le temps de la foire; je ferai une excursion le long du Wolga, je pousserai jusqu'a Kazan, et je reviendrai chez moi par Simbirsk, ou j'ai des amis4.-- Trouvez tout cela sur la carte, si vous n'avez rien de mieux a faire - comme j'ai trouve Dunse, situe dans le comte de Berwick entre The White et The Black Adder5.-- Il n'est pas impossible que je passe mon hiver a Moscou au lieu de venir ici. J'avais eu l'intention de faire cette annee un voyage beaucoup plus considerable - d'aller a Odessa - peut-etre au Caucase - (je crois meme vous en avoir parle)6. Mais l'etat de mes affaires s'y oppose. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il y a un tout autre voyage que j'aurais fait avec bonheur - mais pour celui-la il ne faut pas y penser de si tot. J'en fixe l'epoque - dans mon imagination - au printemps de 1854 - dans deux ans - c'est loin comme vous voyez - et je crois bien pourtant que ce ne soit encore trop pres.-- Mais ce n'est qu'a la derniere extremite que j'abandonnerai l'idee de chasser avec vous, mon bon Viardot, dans votre bonne Brie - en septembre 1854! - Ce ne sera plus comme autrefois avec petite Diane (qui par parenthese se porte bien el m'a dote d'une nouvelle famille). Mais ce sera, je l'espere, avec le plaisir et la bonne humeur d'autrefois. Et puis - Cid sera encore excellent dans deux ans! Sequestre comme je suis, je n'ai presque rien de nouveau a vous dire - l'article de Berlioz sur "Sapho" m'a cause une veritable emotion - je l'ai fait traduire et je vais l'inserer dans les deux revues ou j'ecris7.-- Mais je dois avouer en meme temps qu'il m'est impossible de ne pas vous en vouloir pour ne pas m'avoir envoye les melodies de Gounod)8.-- C'est plus fort que moi - et je vous en veux. J'ai travaille tant bien que mal - mais je me suis surtout beaucoup ennuye {Далее зачеркнуто: viendra.}.-- L'hiver s'annonce assez maussade-ment pour moi. Vendredi, 11/23 janvier. Je viens de recevoir vos deux lettres, mes chers amis, de Dunse Castle - et la nouvelle que vous m'annoncez, chere Madame Viardot, est si importante qu'il faut que je vous en parle tout de suite.-- Je dois vous dire que je ne partage pas vos sombres pressentiments et que j'ai une espece de certitude que le petit etre dont vous me parlez et que j'aime deja - fera tres heureusement son entree dans le monde.-- Tout ce que je desire - c'est de faire sa connaissance avant qu'il ne parle trop couramment.-- Mais, au nom du ciel, menagez-vous et soignez-vous le plus que vous pouvez. lassez-vous soigner par cette bonne famille Hay - et vous, Vlardot, ecrivez-moi, je vous en prie, des que l'evenement aura lieu - pour que je ne quitte pas Petersbourg sans avoir bu a la sante du nouveau-ne et de ses parents. - Esperons que ce sera un garcon - et un bon et beau garcon9. - Cette nouvelle m'a tellement absorbe que je n'ai plus le desir de parler d'autre chose.-- Ma sante s'ameliore de jour en jour - mais je ne sors pas encore. Votre scenario, Viardot, m'intrigue10 - et vos chasses me paraissent fort agreables.-- Allons, adieu - je vous ecrirai bientot - mais il faut expedier cette lettre.-- Soyez heureux, contents et surtout bien portants! Votre tout devoue J. Tourgueneff. |
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