ЛичностиЛермонтовПушкинДельвигФетБатюшковБлокЧеховГончаровТургенев
Разделы сайта:

Полине Виардо - Письма 1859-1861 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич



20 сентября (2 октября). Спасское

Spasskoïê,

ce 20 septembre/2 octobre 1859.

Chère et bonne Madame Viardot, je suis arrivê ici avant-hier soir en bonne santê, quoique extênuê de fatigue.-- J'ai retrouvê tout mon monde - on m'a arrangê une maisonnette où je pourrai passer chaudement et tranquillement les deux mois qui me sont nêcessaires pour achever mon travail1. Bouboul est ronde et grasse il n'y a malheureusement que le principal, les bêcasses, qui manquent. Elles ne viennent qu'avec la pluie, et la sêcheresse, qui a dêsolê la Russie cette annêe, continue toujours en s'alliant depuis une quinzaine de jours avec le froid, ce qui fait un mêlange fort dêsagrêable. La terre est dure, le ciel morne, les arbres sont à demi morts et le vent se dêmène avec une aigre violence - tout cela est laid "and I am disappointed in my sport"2 - ce qui m'obligera de m'enfermer et de prendre la plume plus tôt que je ne le supposais. Ce serait une consolation, si j'êtais sûr de faire quelque chose de bon. Enfin, je tâcherai.-- Feth est à Spasskoïê et nous allons tenter la fort une demain; il paraît qu'il y a des perdrix à une dizaine de werstes d'ici; il vous prêsente ses hommages les plus respectueux3.

Je ne puis pas m'habituer encore à l'idêe de me retrouver dans mon vieux cloître, et mes sensations et mes idêes, secouêes par ce long voyage, tourbillonnent encore comme ces Petites paillettes qui se trouvent dans l'eau de vie de Dantzik,-- rues affections seules n'ont pas bougê et je les ressens plus vivement que jamais. Il ne se passe guère une heure que je ne songe à Courtavenel et à tout ce qui s'ensuit. My heart is in the Highlands4, comme dit la chanson.

La fameuse grande lettre5 et la copie de "Krakamiche"6 ne partent pas avec le courrier d'aujourd'hui, mais je vois venir huit grandes semaines, toutes blanches et vides comme des feuilles de papier, sans visites, sans communication d'aucune espèce. J'aurai tout le temps nêcessaire pour accomplir enfin mes promesses. En attendant, je vous prie d'embrasser Paulinette et de lui dire que je l'aime beaucoup et que je pense souvent à elle.

Il y a plus de quinze jours que j'ai quittê Courtavenel7, et je commence (l'homme est enclin à espêrer ce qu'il dêsire), je commence à attendre une chère lettre, qui viendra mettre un rayon de joie et de lumière dans ma... nuit, non, c'est trop dire,-- dans mon ombre. N'est-ce pas, que je n'ai tout à fait tort d'attendre?

Les affaires ne sont pas aussi mauvaises qu'on me l'avait êcrit; cependant, la rêcolte a êtê bien insuffisante, et il faudra faire des êconomies.

N'oubliez pas de me dire à quelle êpoque est dêfinitivement fixê votre dêbut dans "Orphêe"8. Avez-vous revu Gounod? Vous a-t-il chantê quelque chose de son nouvel opêra?9 Parlez-moi de tout cela, пожалуйста.

A bientôt.-- Portez-vous bien, c'est le principal.-- Mille bonnes choses à Viardot, aux enfants, à tout le monde; soyez heureuse et de bonne humeur.-- Je vous souhaite tout ce qu'il y a de meilleur au monde et vous baise les mains avec tendresse.

Votre

J. Tourguêneff.

Главная|Новости|Предметы|Классики|Рефераты|Гостевая книга|Контакты
Индекс цитирования.