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Полине Виардо - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич



3(15) февраля 1864. Петербург

No 15

St. Pétersbourg.

Hôtel de France.

3/15 février 1864.

Lundi.

Chère et bonne Madame Viardot, j'ai reèu votre petit billet de Leipzig avec les variantes de la "Птичка"1, mais vous savez probablement déjà que Bodenstedt m'a envoyé une traduction entière2 et que c'est elle naturellement qui passera. Les premières 6 romances sont complètement gravées. Johansen m'a juré que les autres le seront avant la fin de la semaine prochaine.-- Je pars d'ici, toujours si Dios quiere, mercredi, le 19 février/2 mars, c'est-à-dire dans un peu plus de quinze jours. Jamais les instants ne m'ont paru plus longs. Je tâche de travailler pour les faire passer plus vite. Nous avons eu hier une séance de notre société de secours aux littérateurs indigents. On s'attendait à quelques interpellations de la part des impatients, de ceux qu'on nomme ici (en adoptant un mot que j'ai introduit dans les "Pères et enfants") les nihilistes, qui nous trouvent trop prudents: mais tout s'est fort bien passé, les élections dans le comité ont été faites dans le sens modéré (on m'a nommé membre, ainsi que président d'une commission de révision)3. Puis il У a eu un dîner en honneur de notre défunt confrère, Droujinine4; nous avons beaucoup parlé sans dire grand-chose, nous avons beaucoup bu et mangé - moi surtout - ce qui m'a attiré une assez forte indisposition (vous me reconnaissez là, n'est-ce pas?) mais aussi, il y avait des truffes. Je n'ai pris qu'un peu de thé aujourd'hui et je vais me coucher avec une faim canine, que je n'assouvirai pas.

"Je viens de corriger les épreuves de ma "fantaisie"?. Le sort en est jeté.-- On me dira des injures - ou des éloges,-- comme on voudra, j'y serai pas mal indifférent, et vous n'en douterez pas quand vous saurez que la revue ne paraîtra que quand je serai à Bade. Vous y êtes dans ce moment, vous arrivez peut-être et ma pensée vous suit et vous accompagne au moment où vous rentrez dans votre cher petit nid. Ne faites pas trop la fière, moi aussi je ferai la même chose dans peu de temps. (N'oubliez pas, je vous prie, les renseignements sur la position d'un syndic de faillite: je vois, d'après une lettre de Paulinette que je viens de recevoir, que ce mariage lui tient plus à cœur qu'elle le disait auparavant ou qu'elle le croyait elle-même peut-être6. Oh! maillot rose, que tu es difficile à attraper!) J'ai passé la soirée chez une Mme Winogradski, dont Pouchkine a été amoureux dans sa jeunesse. Il lui a adressé plusieurs pièces de vers, qui comptent parmi les plus belles de notre langue. Elle a dû être très jolie, et tout en étant très bonne enfant (elle n'a pas d'esprit) elle conserve encore les manières de quelqu'un habitué à plaire. Elle garde religieusement les lettres que Pouchkine lui a écrites: elle m'a montré un pastel à demi effacé qui la représente à 28 ans: une figure blanche, blonde, très douce et naïvement gracieuse, avec beaucoup de simplicité dans le regard et le sourire... un peu femme de chambre russe, à la Paracha. Si j'avais été Pouchkine, je ne lui aurais pas écrit de vers. Il paraît qu'elle désirait beaucoup me voir et comme c'était son jour de fête, mes amis m'ont mené chez elle comme un bouquet. Elle a un mari qui a vingt ans de moins qu'elle: un intérieur aimable, assez touchant même et comique7.

Adieu, jusqu'à mercredi... et puis dans quinze jours. Portez-vous bien. Dites mille choses à tout le monde. Je vous baise bien tendrement les mains.

Der Ihrige

J. T.

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