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Полине Виардо - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич3, 4(15, 16) февраля 1867. Баден-Баден No 5 Bade. Schillerstrasse, 277. Vendredi, 15 fév 67. Chère Madame Viardot, theuerste, innigst geliebte Freundinn, le bon Viardot vient de me faire un plaisir extrême en me lisant votre lettre de Breslau1. Je suis tout heureux en pensant combien vous avez été fêtée, adorée, acclamée - et je vois d'ici votre chère figure radieuse et souriante. Allons! Tout va bien - les Silésiens se conduisent comme il faut - et ils méritent la grâce que vous leui? avez accordée, en promettant de revenir.-- J'imagine aussi le ravissement de cette bonne Aglaé. La voilà nageant maintenant en pleine eau2. Quant à moi, je suis aussi parfaitement échoué qu'on peut l'être. Je ne puis plus bouger de mon canapé - tout mouvement me fait mal. Je vais essayer de me faire rouler en petite voiture jusque chez vous, ah! si c'était possible en effet - sans métaphore... Aber die schönen Tage von Aranjuez sind vorüber3.-- Kommen Sie wieder? Le même jour, 11 heures du soir. Je reviens de chez vous - je ne sais pas trop si j'ai bien fait. Mon pied est bien enflé et il me fait bien mal.-- Mais aussi j'ai entendu la lecture de la lettre de Berlin avec tous ses charmants détails4. Cela m'a mis, comme on dit, du baume dans le sang et je supporte avec plus de résignation la petite vilenie dont le sort m'a gratifié. Je suis content que vous ne chantiez pas "Otello"5; il vous faut maintenant des choses plus larges et plus grandes. Montrez, montrez votre musique à Mr Damrosch6 - à tout le monde: il faut qu'elle soit publiée - il le faut absolument. A propos... Oscar Begas est-il aussi beau que son frère7? Je crains un peu pour cette tête de quinze ans de Didie8. Je lui écrirai dans deux ou trois jours - et en attendant, embrassez-la de ma part. Vous savez que Héritte a écrit une très grande lettre à Viardot. Il n'y cite aucun fait nouveau, mais il ressort invinciblement de tout le ton de cette lettre que ce n'est pas lui qui a tort et que peu de temps avant son coup de tête - Louise était au mieux avec lui.-- Je ne doute pas qu'il n'arrive bientôt en Europe9... et alors que faire? De quel droit lui refuser son enfant? Quant à Louise - elle est blindée. Quelle étrange nature - destinée à être malheureuse et à rendre malheureux tous ceux auxquels elle aura affaire, violente et apathique, inquiète et morne; on ne sait pas où la prendre. Il paraît que cette Miss Stephens s'est vue obligée par l'opinion publique de quitter le Gap plus tôt qu'elle n'en {Далее зачеркнуто одно слово.} avait l'intention et qu'elle vient en Angleterre10. Aujourd'hui - Louise et Marianne ont déchiffré du Mozart avant dîner; après il y a eu un bon "petit numéro" - et un whist. Je suis maintenant en train de copier cette nouvelle que je viens d'achever11: il y aura 80 pages - l'autre en a 39012. Je travaille comme un forèat... il faut que la goutte me fasse au moins gagner de l'argent.-- Il y a déjà un troisième récit - pas grand celui-là, qui est tout achevé dans ma tête13. Quand pourrai-je vous lire tout cela, en baisant de temps en temps vos chères et nobles mains? Si j'ai jamais rêvé un autre paradis que celui-là, je consens à ce que la goutte ne me quitte plus. Il n'y a rien de plus cocasse que la figure du pauvre Dr Heiligenthal, quand il entre chez moi... on voit si clairement qu'il se donne au diable - et moi aussi peut-être. Imaginez-vous Mme Anstett lui donnant aujourd'hui des conseils... C'est une vraie scène de comédie. Mais je ne suis pas au parterre. Bonsoir, chère, chère amie... je vais me coucher. J'ajouterai deux mots demain. Samedi.-- Theuerste Freundinn, je viens de recevoir votre lettre n° 214 et vous remercie du fond de mon cœur. Seulement - au lieu de la lettre de Mr Damrosch - j'ai reèu celle-ci, que je vous renvoie, de Mlle Klettner! Je prends trop au change - et je l'attends, l'autre. Mon pied est toujours dans le même état. - Immobilité complète.-- Je travaille beaucoup et je veux être patient - pour vous faire plaisir. Laissons venir les événements. Wenn {Далее зачеркнуто: ich <я> (нем.).} es mir zu schlecht geht - so denke ich: wart, es wird doch ein Tag kommen und du wirst ihr zu Füssen sinken können. En attendant, je vous prie de dire mille choses de ma part à Mlle Artôt, aux Pietsch, Menzel, Begas, etc.. Mlle A doit être prévenue que je l'embrasserai sur les deux joues, quand je la verrai. De la part d'un vieux goutteux c'est sans conséquence, Soyez heureuse et bénie. Der Ihrige J. T. |
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